BIEN VISITER NICE
Nice ? Bien sûr, Chagall et Matisse, César et Arman, mais aussi Dick Rivers, Jenifer et Gilbert Bécaud.
Il y a même le musée national du Sport, avec la plus hallucinante collection de médailles, tenues d’arts martiaux (savez-vous qu’Yves Klein voulait être judoka ?) et autres chaussures de foot qu’on puisse imaginer. Autant dire qu’il y en a pour tous les goûts du côté de la baie des Anges, qu’on soit fan d’opéra dans une salle à l’italienne ou de peinture naïve dans l’ancienne propriété d’un parfumeur de renom.
« Nice, c’est une oasis au bord de la mer, avec des forêts de mimosas et des palmiers et il y a des princes russes et anglais qui se battent avec des fleurs », disait le Niçois d’adoption Romain Gary, arrivé de Pologne à l’été 1928, et qui rêvera longtemps d’un avenir d’écrivain dans l’appartement au rez-de-chaussée du 7, boulevard François-Grosso. Chez les Niçois, on trouve que marcher dans les pas du résistant-diplomate-auteur- prolifique-deux-fois-goncourt-isé, ça a sacrément de la gueule (et relire au passage La vie devant soi, aussi).
Et s’émerveiller pour la ville, se laisser surprendre, comme ça, en entrant quelque part, ou juste en regardant la mer, c’est pas mal aussi.
La mer, d’abord : il faut grimper en haut de la colline du Château pour l’embrasser tout entière. La vue est à couper le souffle est c’est un préalable indispensable avant de filer au musée Matisse (164, avenue des Arènes de Cimiez) méditer devant le nu bleu IV peint dans sa chambre-atelier de l’ex- hôtel Régina. L’autre star, bien sûr, c’est Matisse, d’origine russe comme Gary, longtemps installé à Vence où il a terminé sa vie entouré de ses chats.
Le musée construit par André Herman, ex-collaborateur de Perret et de Le Corbusier, est un modèle du genre, baigné de lumière et entouré d’un jardin planté d’oliviers, de cyprès et de chênes verts (petit secret : les agapanthes fleurissent autour du 7 juillet, date de naissance du peintre). Un endroit parfait et un peu secret pour chiller après tant de beauté.
Ensuite, remonter un peu pour rôder du côté de l’étrange Villa Cameline (43, villa Cameline), ancien bijou d’architecture Belle Époque longtemps squatté et laissé en état pour accueillir artistes émergents, créations in situ et commissaires d’expo indépendants. Imaginez Marcel Proust au pays des graffeurs, vous aurez une idée. Redescendez ensuite pour les incontournables du vieux Nice et du front de mer (en vous arrêtant au passage dans le « village Ségurane » de la rue du même nom, QG des antiquaires niçois côté port). D’abord, le Palais Lascaris (15, rue Droite), genre de Downtown Abbey mais version XVIIe siècle avec une hallucinante chambre d’apparat qui prouve que l’envie de se mettre en scène n’a pas attendu Instagram pour exister. Ensuite, le musée Massena (entrée par le 65, rue de France) : vous rentrez-là dans une des dernières villas de la fin du XIXe donnant sur la mer, avec jardin privé reconstitué à l’identique.
On y découvre l’histoire de Nice… et un lifestyle que le monde entier a envié à la jet-set de la Riviera, à l’époque ou s’inventait (en hiver) le tourisme.
Enfin, choc des époques à la niçoise, où comme dans une salade tout sait très bien se mélanger : bâtiments Liberty, baroque Italien et…
art contemporain. Au Mamac (place Yves Klein), référence de la création moderne nissarde, avec l’une des plus belles collections au monde de cette école infusée de lumière. À la Villa Arson (20, avenue Stéphane- Liégerad) – une bâtisse historique rhabillée de rouge ardent et qui est à la fois école des beaux-arts, centre national d’art contemporain, résidence d’artistes. Ou encore à La Station (89, route de Turin).