NICE À LA MAISON

Qui a dit qu’il fallait caler (descendre) la route du soleil pour se sentir à Nice ?

La ville au cœur bleu s’invite chez vous, version papier, écrans, et même musique. Un voyage au fond de son lit ou bien calé dans son canapé. À commencer par les étonnants Tomas et ses Merry Boys, sans doute le premier boys band de la chanson française qui fit swinguer les soirées du casino municipal et du Palais de la Méditerranée des folles années 1930
et signèrent carrément, vingt ans plus tard, l’hymne officiel du carnaval de Nice.

On n’oublie évidemment pas Jean Dujardin attendant la vague sur la plage des Bains militaires dans la série des Brice de Nice à bingewatcher dans son canapé ni, pour les aficionados de déco, quelques scènes cultes tournées au Negresco – du Peau de Banane de Marcel Ophüls, avec Belmondo et Jeanne Moreau, au deuxième opus de La Cage aux folles via Ne nous fâchons pas de Georges Lautner avec, à l’affiche, rien de moins que Mireille Darc et Lino Ventura.

Vous n’oublierez pas de vous faire livrer tapenade et mini focaccias des Niçois pour un plateau-télé ambiance Promenade des Anglais, ou carrément carnaval si vous mettez la main sur l’introuvable La Vie à deux de Clément Duhour, avec tout ce qu’il faut de chars et de millésime 1958. Très chic, la presse vous remerciera, l’abonnement à Nice Matin se double de l’écoute régulière de France Bleu Côte d’Azur et de la locale et plus confidentielle Radio Nice.

Lecteurs occasionnels ou fan de bouquins, plongez vous dans les aventures rocambolesques de Jacques Merenda et
sa compagne Loulou Crystal : Joann Sfar, l’auteur de Le Niçois et Farniente connaît bien la ville, omniprésente dans ses polars : il y est né, y a grandi avec un père qui fut l’adjoint du légendaire maire Jacques Médecin, qui pourrait bien avoir inspiré le pétulant Merenda.

Un humour qui n’est pas sans rappeler certains polars cocasses de San Antonio, pseudonyme du délirant Frédéric Dard : Sucette boulevard, La Pute enchantée et L’année de la moule ont tous en commun de vous emmener dans la cité azuréenne.

Même chose pour le dernier Patrick Besson dont le titre, Nice-Ville, est déjà tout un programme. Et si jamais la linguistique vous branche, vous trouverez bien sur le Web une captation de la troupe de théâtre Francis Gag, fondée en 1936 pour entretenir la flamme de la langue nissarde.

Playlist…

… évidemment, un petit Tino Rossi, de préférence le joyeux «de Nice à Montecarlo» sorti en 1939. Fan des sixties, mettez la main sur Le Mistral, un album ultrarare signé de l’orchestre Teddy Moore et Dom Dominic, évoquant le train de luxe qui reliait Paris et Nice dans les années 1950 et 1960. Vous aurez bien sûr du Jenifer et du Dick Rivers, niçois l’un comme l’autre, et, côte à côte, Claude Nougaro et le rappeur Gambi, chantant l’un comme l’autre (mais dans deux styles différents) «La Côte d’Azur». Encore plus ciblé, Julien Doré signe carrément un titre «Baie des Anges», qui n’est pas sans rappeler celui de Dick Rivers en 1984 (le clip, avec costume croisé crème et fumigènes à gogo, est un monument à lui seul). Enfin, une disco italienne : la frontière est juste à côté…

Livre

Située dans le train de nuit Paris-Nice, l’intrigue de ce Terminus signé Boileau- Narcejac et paru en 1980 est un petit chef- d’œuvre du genre. Ou comment un employé de la voiture-restaurant (on est pas encore à l’heure du TGV) découvre que sa femme n’est pas exactement celle qu’il croit… Un polar à l’ancienne totalement addictif.

Film

Allez, s’il n’en fallait qu’un, ce serait cette Baie des Anges signée par Jacques Demy en 1963. Ambiance casino et addiction au jeu pour une Jeanne Moreau impériale en blonde platine, dans une «existence idiote faite de luxe et de pauvreté. Et aussi le mystère des chiffres, le hasard…» Costa-Gavras et Claude Zidi ont tous les deux collaboré à cette perle en noir et blanc où l’amour finit par triompher du vertige de la roulette et des tables de Baccara…